Question à… Pauline Roux, médecin tabaco Motivation et entourage des clés pour décrocher du tabac
Mon épouse et moi sommes tous les deux fumeurs depuis plus de dix ans. Inquiets pour notre santé et celle de nos trois enfants, nous souhaitons arrêter le tabac. Comment nous y prendre ?
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Entreprendre cette démarche à deux est une bonne stratégie. Il s’avère très difficile d’arrêter de fumer quand son conjoint continue. Dans le processus d’arrêt, environnement et appui de l’entourage sont importants. Au sein de votre couple, vous pourrez vous entraider, vous encourager mutuellement.
Il est indispensable de faire le point sur votre motivation et votre dépendance. Listez les raisons personnelles pour lesquelles vous souhaitez arrêter. Santé, finances…, ne négligez rien des avantages et inconvénients à fumer/ne pas fumer. Évaluez aussi votre dépendance à la nicotine sur le plan physique. Le test de Fagerström (1) aide, en six questions, à la quantifier et à orienter si besoin l’individu vers un traitement de substitution nicotinique. La dépendance est également comportementale et environnementale (tabac associé à la prise de café, à la gestion du stress, à la convivialité…) : l’identifier évite les situations à risques. Attention aux autres addictions : alcool qui renforce la prise de tabac, cannabis qui sera arrêté en même temps que la cigarette.
L’arrêt du tabac s’organise. Choisissez la date où vous arrêterez, pour changer préalablement vos habitudes, et éliminez tout tabac chez vous pour le jour J. Si en évaluant votre motivation, vous vous êtes senti hésitant, faites-vous accompagner par un professionnel (généraliste, tabacologue, tabac-info-service). Suivi, moyens thérapeutiques, astuces pour gérer l’envie de fumer (d’une durée de 3 à 5 minutes, elle s’estompe au fil du temps) facilitent le sevrage. Celui-ci ne doit pas être une torture ! Même la prise de poids, principale cause de reprise du tabac chez les femmes, est évitable via une alimentation adéquate et une activité physique.
Restez conscient des bénéfices de l’arrêt, quasiment immédiats. La pression artérielle baisse 20 minutes après la dernière cigarette, la capacité respiratoire croît une semaine après. Le risque de cancer du poumon diminue de moitié après cinq ans d’arrêt. Après quinze ans, vous retrouverez la même espérance de vie qu’un non-fumeur.
(1) En ligne sur www.tabac-info-service.fr
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